Quels sont les ingrédients nécessaires à une relation harmonieuse et suivie, pouvant éventuellement, pour les adeptes de cérémonies festives, déboucher sur un mariage ?
Si l’on en croit les magazines féminins, ils sont d’une complexité qui n’a d’égal que leur multitude (et qui correspond par un heureux hasard au nombre de numéros de ces mêmes journaux pour une année). La réalité est heureusement tout autre, dès lors que l’on s’autorise à regarder les choses en face
Deux aspects seulement sont à prendre en compte sérieusement : la conversation et le lit. L’ordre peut être inversé selon les compétences de chacun. Il ne faut cependant pas perdre de vue la chose suivante : on passe plus de temps à converser qu’à faire l’amour (sauf dans les films de Marc Dorcel, mais ils ne constituent pas un outil de référence pour quiconque veut mener une existence normale).
Certains ne vont pas manquer de développer ce que l’on appelle des « stratégies d’évitement » pour réduire à sa plus simple expression la part de conversation désarticulée qui constitue le lot quotidien de la majorité des couples, afin de mieux se consacrer à l’aspect charnel de la relation.
Soyons clair : la solution qui consiste à faire des enfants pour éviter de se parler, si elle peut faire illusion un temps trahit cependant un manque de vision à plus long terme.
En effet, à peine remise de sa grossesse, la femme n’aura de cesse d’abreuver son compagnon de considérations plus ou moins fumeuses sur le prix des couches, la température du bain, le goût immonde des petits pots aux artichauts. Elle qui autrefois pouvait s’écouter parler des heures sur le choix d’une villégiature pour les grandes vacances, les turpitudes d’un chef de service, ou l’attirance incompréhensible de sa belle-mère pour les parures de rideaux violettes, n’aura plus qu’une obsession monomaniaque : l’enfant. Mathématiquement parlant, la durée de prise de parole restera identique au passé, seule la diversité des sujets abordés aura diminué de façon drastique.
L’unique havre de paix, tout relatif, résidera alors dans ces levées nocturnes provoquées par les cris d’angoisse du petit être nouvellement arrivé. Une fois la tétine du biberon solidement arrimée à l’orifice buccal de l’enfant, l’infortuné géniteur pourra enfin s’affaler sur le divan, goûtant à leur juste valeur les quelques minutes de silence qui s’offrent à lui. Il en profitera alors pour s’apitoyer sur son sort tout en attendant le rot libérateur qui sonnera le début d’une nouvelle période de sommeil, d’une durée totalement aléatoire.